Pour concevoir les bâtiments et accompagner leur exploitation, un nouvel outil est en plein essor : le Building Information Modeling ou BIM.
Le « Moniteur des Travaux Publics et du Bâtiment » avait publié en mars 2014 un Cahier pratique qui permettait d’avoir une bonne compréhension du BIM de son potentiel, de sa mise en place et de son déploiement en France, Europe et à l’international.
Le Palmarès du Trophée BIM 2017
Les Trophées BIM d’Or 2017 (organisés par Le Moniteur et Les Cahiers Techniques du Bâtiment, en partenariat avec Autodesk, la Fédération CINOV, Attic+, Finalcad, Multisys, Sopra Stéria et Prosys), ont été attribués en septembre dernier à Paris.
Le millésime 2017 récompense 10 lauréats :
Le BIM d’or a donc été attribué à la future ligne 16 du Grand Paris Express attribué à EGIS Rail et à la Société du Grand Paris.
L’obtention du BIM d’argent par Systra porte sur les infrastructures (études préliminaires de la troisième ligne de métro de Toulouse).
Dans une dimension régionale, la nouvelle gare de Nîmes-Manduel-Redessan (Gard) a été récompensée dans la catégorie entre 5000 et 40 000 m2 en neuf. Le trophée va à la Société AREP qui a conçu la nouvelle gare qui doit faciliter les liaisons entre différents modes de transports.
Les autres projets récompensés sont : la réalisation du cinéma Paradisio dans l’Oise, la conception-réalisation de 90 logements collectifs dans l’Essonne, la Tour Saint-Gobain à La Défense (Paris), le laboratoire d’analyses de surveillance et d’expertise de la marine (Lasem) à Brest, l’extension et rénovation de l’aéroport international de Santiago du Chili, le logiciel BIM Cloisons pour les cloisons en plaques de plâtre, et le Prix Coup de coeur du jury revient à la création d’une maquette numérique de la Cité des sciences et de l’industrie à Paris.
Décryptage du BIM
Aujourd’hui, le BIM est un mot à la mode dont l’usage, parfois à tort, a créé la confusion sur sa signification exacte. Le monde de la construction fait face aujourd’hui à des projets de plus en plus complexes assortis d’exigences en matière de développement durable, de budgets de plus en plus réduits et de délais toujours plus courts. Y est impliquée une multiplicité d’intervenants dont la collaboration et la communication ne sont pas aussi efficientes qu’elles pourraient l’être. Le Building information modeling (BIM) peut aider à faire face efficacement à une telle situation.
Plusieurs définitions du BIM existent, pouvant être synthétisées de la manière suivante : « le BIM est une compilation structurée et ordonnée d’informations relatives à un ouvrage de construction projeté, servant à simuler ses caractéristiques physiques et fonctionnelles ».
Cette compilation peut être partagée et enrichie par les différentes parties prenantes du projet de construction. On parle souvent de maquette numérique ou de base de données, pouvant être exploitée de différentes manières, à de multiples fins et à différentes phases du cycle de vie du bâtiment allant de sa planification, sa conception, sa construction, son exploitation et jusqu’à sa démolition/reconversion.
Les avantages de l’utilisation du BIM
L’objet du BIM est de « construire » avant la construction, de simuler virtuellement l’édification d’un ouvrage afin d’optimiser son coût, son planning, sa qualité et sa construction au moyen d’une meilleure gestion et d’une minimisation des risques très en amont, dans les premières phases du projet, avant d’arriver sur le chantier où les modifications sont plus coûteuses, créant ainsi des ouvrages à forte valeur ajoutée.
Le BIM et les outils de simulation permettent d’analyser de manière dynamique l’impact des choix de la conception sur la consommation énergétique. Orientation du bâtiment, compacité, types de paroi, surfaces vitrées, ombre générée et ombre portée sont les éléments indispensables au calcul des consommations énergétiques et peuvent être directement extraits du BIM.
Parmi les avantages liés à l’usage interne du BIM, les utilisateurs citent :
l’augmentation des profits ;
la fidélisation des clients ;
le gain de nouveaux marchés ;
une baisse des réclamations et des litiges ;
la réduction de la durée globale du projet ;
la baisse du coût de la construction ;
la diminution des erreurs et omissions dans les documents ;
la raréfaction des reprises dues aux erreurs ;
l’amélioration de la productivité ;
la réduction des cycles de temps de flux de travail spécifiques.
Le BIM à l’international
Il est constaté une large adoption du BIM à travers le monde.
Figurent parmi les leaders mondiaux en la matière la Finlande
et Singapour : la première requiert le BIM pour les projets de construction publics depuis 2007, la seconde depuis 2010 et, à partir de juillet 2015, le BIM sera exigé pour toutes les disciplines et tout projet neuf dépassant 5 000 m2.
Aux États-Unis, le BIM est obligatoire depuis 2008 ; en Norvège, depuis 2010 et, aux Pays-Bas, depuis 2011. À l’instar de la Grande-Bretagne, la Corée du Sud connaîtra le même sort à partir de 2016.
Le BIM en France
En France, le BIM suscite un grand intérêt et est au centre de l’attention de différents acteurs de la filière construction. L’essentiel autour du BIM est concentré sur les échanges et formats d’échange entre maquettes numériques. Or le BIM ne se limite pas à cela.
Le Parlement européen a adopté à la mi-janvier 2014 une directive recommandant l’utilisation de processus numériques comme le BIM dans les marchés publics. Il commence donc à apparaître dans les appels d’offre en France aussi.
Le BIM bouscule un secteur de la construction longtemps resté à l’écart de la révolution numérique. Signe de cette montée en puissance, le Mondial du bâtiment, du 6 au 10 novembre 2017 au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), accueille cette année, entre les marchands d’outillage et les concepteurs de vérandas, 132 exposants liés au numérique, contre 75 en 2015, et des animations quotidiennes autour du BIM.